Dernier Atelier Albums de l’année : L’ENFANT ET SA MÈRE
Un thème très riche, qui a toujours inspiré les auteurs, aussi bien pour adultes que pour enfants.
Certains albums sont des déclarations d’amour, de l’enfant à sa mère, mais aussi de la mère à son enfant.
D’autres évoquent des situations particulières, comme l’adoption, ou bien la fonction séculaire de protection.
Mais tout n’est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes : l’enfant peut « exagérer » dans ses exigences, et la mère peut aussi « exagérer » et empêcher son enfant de grandir.
Des déclarations d’amour
Ma mère. Stéphane Servant/Emmanuelle Houdart. (Bibl. LFL31)
« Ma mère a le cœur entre soleil et nuit », « Ma mère a dans le cœur une renarde tapie dans le terrier », « Ma mère a dans le cœur une louve lovée ». Au long du texte poétique et incantatoire de Stéphane Servant se dessine un personnage mystérieux et multiple. Mais l’amour y est omniprésent : celui de l’enfant pour sa mère, malgré les doutes qui peuvent l’assaillir à certains moments, et celui de la mère dont la parole clôt le livre : « Le chemin vers toi, jamais je ne saurai l’oublier ». Les superbes illustrations d’Emmanuelle Houdart donnent une dimension imaginaire et fantasmagorique à ce chant d’amour aux mères. Le livre peut être présenté aux enfants dès 4/5 ans, et jusqu’aux adultes.
Ma maman. Anthony Browne. Kaléidoscope. (Bibl. Fabre)
A travers cette évocation de SA maman, Anthony Browne rend un hommage plein de tendresse à toutes les mamans, héroïnes du quotidien pour leurs enfants. Une tendresse mêlée d’humour : les illustrations prennent au premier degré les mots de l’enfant : la maman « moelleuse comme un fauteuil » est représentée comme un fauteuil à fleurs. Grâce à l’imagination enfantine, le rôle de maman ne se borne pas au quotidien : “Ma maman pourrait être danseuse, ou astronaute. Elle pourrait être vedette de cinéma, ou grand patron. Mais c’est ma maman ! » Un fil conducteur : le peignoir au motif fleuri (qui a la même fonction que la robe de chambre à carreaux beiges de Mon papa). Un livre délicieux à savourer dès 3 ans.
En t’attendant. Emilie Vast. MeMo. (Bibl. LFL31)
« En t’attendant, j’ai vu la chenille… devenir papillon ; les têtards… devenir grenouilles ; le vilain petit canard… devenir cygne » Une jeune femme enceinte raconte à son futur bébé ce qu’elle a observé de la nature et de ses transformations, pendant les neuf mois où elle l’attendait. En écho, on devine l’évolution du bébé à naître. La voix de la maman parlant à son bébé bien avant sa naissance tisse un lien indestructible. C’est un véritable chant d’accueil et une invitation à la découverte du monde. L’illustration, fraîche et lumineuse, contribue à créer ce climat rêveur et poétique.
Mon tout petit. Germano Zullo/Albertine. La joie de lire. (Bibl. Bonnefoy, LFL31)
L’histoire d’une vie : une maman attend un enfant, qui naît, grandit, puis dépasse sa mère, qui, elle, rapetisse encore et encore, jusqu’à disparaître. La mère s’adresse à son enfant : « Je dois tout te raconter, du début jusqu’à la fin ». Pour présenter cette histoire d’un amour fusionnel, Albertine utilise un simple trait de crayon noir : une illustration épurée, emplie de poésie, de douceur, de beauté, et d’un peu de mélancolie. L’amour maternel, un sentiment précieux qui mérite un coffret précieux. Un flip book à faire défiler vite ou tout doucement, un texte qui se lit d’une traite ou qu’on savoure phrase après phrase. Un livre que l’on peut lire dès 6/7 ans, ou à offrir à de futurs parents.
Est-ce que tu m’aimeras encore ? Catherine Leblanc/Eve Tharlet. Minedition. (Bibl. LFL31)
Martin l’ourson revient de son jeu tout penaud : il a déchiré son manteau ! Une telle bêtise est-elle susceptible de rompre l’amour maternel ? Un tendre dialogue s’instaure entre Maman Ourse, énorme et fatiguée, et son ourson qui ne tient pas en place. Martin évoque des bêtises de plus en plus grosses : « si j’abîme toutes mes affaires », « si je travaille mal à l’école », « si je casse tout dans la maison » Chaque fois Maman Ourse lui assure « je t’aimerai encore », tout en affirmant qu’elle réagirait. Mais les questions deviennent plus délicates. Et s’il n’aimait plus sa maman ? Et si elle mourait ? Et si elle aimait quelqu’un plus que lui ? C’est là que l’on comprend ce qui a déstabilisé l’enfant : la venue d’un nouveau bébé. Dernière question : et s’il aimait quelqu’un plus qu’elle ? Rassuré par sa réponse, Martin s’élance tout joyeux vers l’extérieur, à la suite d’une petite oursonne. Un livre tout en douceur, mais qui pose des problèmes essentiels pour l’enfant, qui a besoin d’être sûr de l’amour inconditionnel de sa mère. A partir de 5 ans.
Dangers ?
Pas de baiser pour Maman. Tomi Ungerer. Ecole des loisirs (Bibl. LFL31)
S’il y a quelque chose que Jo le chaton n’aime pas, c’est d’être embrassé par sa tendre mère –Madame Chattemite- surtout si c’est devant ses copains. « Des baisers ! Toujours des baisers ! » hurle Jo. « Je les déteste, je n’en veux pas ! Des baisers pour dire bonjour, bonsoir et merci ! Des baisers humides, poisseux, toujours des baisers ! » Et Jo d’accumuler les bêtises, pour bien montrer qu’il n’est plus le gentil petit chaton à sa mère. Comment Madame Chattemite s’y prendra-t-elle désormais pour témoigner sa grande affection à son fils rebelle ? De très jolis dessins en noir et blanc. Une savoureuse histoire pour les enfants pas sages. Aujourd’hui un classique… mais qui a fait scandale lors de sa parution aux Etats-Unis en 1973 ! A partir de 6/7 ans.
Bibi. Elzbieta. Ecole des loisirs. (Bibl. LFL31)
Bibi, le petit oiseau, est le petit « bijou » de la reine, sa maman, mais malgré son statut de bébé adoré, il n’est pas vraiment heureux. La reine vit seule dans son château avec son fils unique. Elle mange d’amour « son crapoussin, son lapinou, son fanfan, son chatounet, son roudoudou… » Elle lui offre des frites et des bonbons à tous les repas et lui permet même de passer la nuit dans son lit. Mais en dépit (ou à cause) de ce traitement, Bibi n’est jamais content. Il ne veut rien, il exige tout, il est ramollo, il ne sait pas voler. Pourtant, il grandit. Comment faire pour aller écouter la musique (les zimbadaboum et tagada tsoin tsoin) dont les rumeurs lui parviennent au loin ? L’histoire finit bien : Bibi apprendra tout seul à voler. Bibi n’est cependant pas un manuel de culpabilisation à l’usage des familles monoparentales ou des mères trop aimantes. Aucun propos moralisateur. L’histoire suffit, dans sa simplicité, à émouvoir les enfants, qui comprennent très bien la situation décrite, même s’ils ne mettent pas dessus les mêmes mots que les adultes. A partir de 6 ans.
Graine de Grenade. Jihad Darwiche/Françoise Joire. Ed. du Jasmin. (Bibl. LFL31)
A découvrir, un trésor de la bibliothèque LFL31 : un superbe conte palestinien, illustré de magnifiques dessins inspirés des broderies traditionnelles de ce pays. Après l’avoir désirée plus que tout, une mère jalouse sa fille pour sa grande beauté, au point de l’abandonner. Une ogresse la prend alors sous son aile. Quand la mère apprend que son sombre dessein a échoué, elle lui envoie un peigne empoisonné, qui la fera apparemment mourir… jusqu’au passage du prince charmant. Tout cela nous rappelle bien sûr Blanche Neige (la rivalité mère-fille, l’abandon, la volonté de tuer sa rivale) mais dans une version encore plus cruelle, puisqu’il s’agit de la véritable mère ! A partir de 7/8 ans.
La séance d’ouverture 2018-2019
de l’Atelier Albums
aura lieu le Jeudi 15 Novembre
de 14h30 à 17h
43, chemin de la Garonne.